La zéaralénone

Dans cet article, je vous propose de nous intéresser à la zéaralénone, dont les effets intéresseront particulièrement les éleveurs, puisqu’ils portent essentiellement sur la reproduction. Ma source d’information reste toujours le rapport de l’AFSSA de mars 2009 (1).

1. Où trouve-t-on la zéaralénone ?

La zéaralénone est une toxine produite par des moisissures du genre Fusarium. On la trouve principalement dans les céréales, en particulier le maïs, et elle se développe essentiellement lors de la culture en plein champ.

zearalenone.pngCette toxine est par ailleurs naturellement transformée en différents métabolites (dérivés naturels), soit dans les organes (principalement digestifs) des animaux en ayant ingéré, soit directement dans les céréales contaminées. La zéaralénone et ses métabolites ont des effets similaires mais à des niveaux différents.

Structure moléculaire de la zéaralénone (2) :

 

 

 

La production de zéaralénone est très dépendante des conditions environnementales, telles que le taux d’humidité ou la température. Très faible à 32°C, elle est maximale à 20°C. Ceci explique que la zéaralénone soit une mycotoxine touchant les productions céréalières des zones tempérées d’Europe, d’Amérique, et d’Asie, mais aussi la Nouvelle-Zélande. Des variations successives de température augmentent considérablement la production de cette mycotoxine.

D’autre part, la répartition de la zéaralénone dans les grains n’est pas homogène. Dans le blé, les plus fortes concentrations se trouvent dans le gluten (partie riche en protéines) et les germes. Dans le maïs, les études menées font état de taux doublés, voir triplés, dans les germes, en particulier dans la matière grasse du germe, qui donne l’huile de maïs. Aucune étude ne semble avoir porté spécifiquement sur le gluten de maïs, que l’on retrouve comme un des principaux ingrédients dans de très nombreuses croquettes pour chiens et chats.

2. Toxicité de la zéaralénone.

La bonne nouvelle du rapport, c’est que la zéaralénone ne présente qu’une faible toxicité aigüe, à savoir qu’il est très rare d’avoir des décès dus à une dose excessive de cette mycotoxine. Toutefois, les données scientifiques sont encore très peu nombreuses.

La zéaralénone est très rapidement absorbée par l’organisme, mais son devenir (en quoi elle est transformée) et ses effets restent très variables d’une espèce à l’autre, ce qui rend toute extrapolation de données validées pour une espèce à une autre espèce des plus hasardeuses.

Aucun effet cancérogène n’a pu à ce jour être  mis  en évidence,  pas  plus qu’un effet tératogène (malformation fœtale). Toutefois, lors des études sur la cancérogénicité de cette toxine, des inflammations de la prostate, des atrophies testiculaires, l’apparition de canaux dans les glandes mammaires des mâles, des anomalies hépatiques, et une augmentation des troubles rénaux chroniques et à évolution progressive ont été observés. On soupçonne également la possibilité de modifications dans le fonctionnement du système immunitaire, bien qu’aucune étude réalisée sur des individus vivants ne l’ait démontré.

L’effet principal de la zéaralénone reste sa toxicité pour la reproduction. En effet, ses dérivés entrent en compétition avec les œstrogènes naturellement produits par le corps, induisant ainsi des troubles de la reproduction : diminution de la fertilité, augmentation des résorptions fœtales, diminution de la taille des portées, modification des taux de progestérone et d’œstradiol dans le sang, peut-être du fait de changements de poids des glandes surrénales, de la thyroïde et de l’hypophyse. Les porcs semblent plus sensibles que les rongeurs aux effets de la toxine sur la reproduction.  Malheureusement, aucune donnée n’est disponible pour les chats, et les seules données disponibles chez les carnivores domestiques sont issues d’expérimentation chez le chien ou le vison. Ces expériences ont rejeté la possibilité d’écarter la responsabilité de la contamination des aliments pour chiens et chats dans l’apparition de troubles de la reproduction tels qu’œstrus prolongé, kystes ovariens, métrites ou pyomètres.  D’autre part, les remontées du terrain doivent être, en particulier dans l’espèce féline, utilisées avec circonspection, du fait des effets similaires observés avec la répétition des mariages consanguins, dont certaines lignées abusent…

Concernant l’espèce humaine, une dose journalière maximale acceptable a été fixée à 0,2 µg par kg de poids corporel (3).

3. Exposition des chiens et chats à la zéaralénone.

Ces remontées de terrain laissent néanmoins penser que les carnivores domestiques sont sensibles à cette mycotoxine. De plus, les analyses d’échantillons d’aliments pour chiens et chats montrent que plus de 80% de ces aliments sont contaminés par la zéaralénone.

La conclusion du rapport concernant cette toxine n’est pas rassurante pour les éleveurs canins et félins puisqu’il recommande, « compte tenu de la part prépondérante prise par les aliments secs dans l’alimentation des carnivores domestiques, et de la contribution notable de certaines céréales à risque (maïs notamment) dans la formulation de ces aliments, [que] des essais devraient être entrepris afin d’évaluer scientifiquement le niveau de réceptivité et de sensibilité des femelles reproductrices de ces espèces. » La question est: quel éleveur accepterait de livrer ses femelles à de tels essais ?

Références :

1. AFSSA. Evaluation des risques liés à la présence de mycotoxines dans les chaînes alimentaires humaine et animale. Rapport final. Mars 2009.

2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Zearalenon.svg

3. Règlement CE/1881/2006 de la Commission du 19 décembre 2006 portant fixation de teneurs maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires